À 74 ans, Nicolas de Tavernost ne songe pas encore à la retraite. L’ex-patron de M6 vient d’être nommé à la tête de LFP Media, la filiale commerciale de la Ligue de football professionnel. Arrivé au moment où le football français traverse sa plus grave crise des droits TV, il est perçu comme l’homme de la dernière chance. Fin connaisseur des médias après 37 années passées chez M6, ancien propriétaire des Girondins de Bordeaux, cet homme aux multiples casquettes est désormais attendu comme le messie. Mais peut-il réellement sauver un championnat dont les finances sont au bord du gouffre? Alors que DAZN et la LFP sont englués dans un litige aux lourdes conséquences, ce septuagénaire infatigable a pris les commandes d’un navire en pleine tempête.
Le pompier de service pour la Ligue 1 en flammes
Quand on parle d’un homme providentiel dans le football français en 2025, on pense immédiatement à Nicolas de Tavernost. Après le départ précipité de Benjamin Morel, l’ancien patron de M6 a rapidement été identifié comme le messie attendu par tout un secteur. Et pour cause : la situation est catastrophique pour les clubs professionnels français qui attendent désespérément leur argent.
Le conflit avec DAZN a pris des proportions alarmantes. Le diffuseur doit encore verser 140 millions d’euros à la Ligue (70M€ fin avril et 70M€ fin juin), mais la plateforme britannique rechigne à payer face aux audiences décevantes. Canal+ a bien rouvert quelques portes, mais la solution miracle se fait attendre.
Voici les principaux chantiers qui attendent Nicolas de Tavernost :
- Résoudre l’épineux contentieux avec DAZN qui menace l’équilibre financier des clubs
- Trouver de nouveaux diffuseurs prêts à investir dans le football français
- Restaurer l’image d’un produit Ligue 1 qui peine à séduire les médias
- Réinventer le modèle économique du football professionnel français
- Négocier avec les opérateurs historiques (Canal+, beIN Sports) pour un retour aux affaires
Les défis titanesques de « NDT » pour sauver le foot français
Quand on examine la situation actuelle du football français, on comprend pourquoi le capitaine Tavernost est venu à la rescousse. La crise est multidimensionnelle et touche tous les aspects du football hexagonal.
| Problème | Impact | Solution potentielle |
|---|---|---|
| Défaut de paiement DAZN | Risque d’insolvabilité pour plusieurs clubs | Médiation ou procédure judiciaire accélérée |
| Valorisation en chute libre des droits TV | Baisse des budgets et de la compétitivité | Nouveau packaging des offres média |
| Fragmentation des diffuseurs | Confusion pour les spectateurs | Retour à un diffuseur principal |
| Concurrence des ligues étrangères | Fuite des talents et des téléspectateurs | Amélioration du spectacle et de la promotion |
| Modèle économique obsolète | Dépendance excessive aux droits TV | Diversification des revenus (streaming, paris, etc.) |
« Si j’ai accepté ce poste, c’est parce que je pense pouvoir apporter des solutions concrètes », aurait confié le nouveau directeur général aux présidents de club. Sa nomination officielle mercredi dernier a d’ailleurs été accueillie avec un soupir de soulagement dans les instances du football français.
Un CV qui fait rêver le football français en crise
Pourquoi tout le monde mise-t-il sur Nicolas de Tavernost? Son parcours exceptionnel dans le monde des médias explique largement cet engouement. Ses 37 années passées à M6 en font un négociateur redoutable et un connaisseur hors pair de l’écosystème audiovisuel.
Mais ce n’est pas tout! L’homme a également dirigé les Girondins de Bordeaux pendant plusieurs années, ce qui lui confère une double légitimité précieuse: il connaît aussi bien les coulisses des médias que celles des clubs professionnels. Rares sont les dirigeants qui peuvent se targuer d’une telle double expertise.
Les atouts majeurs de Nicolas de Tavernost pour ce poste :
- Une connaissance approfondie du marché des droits sportifs
- Un réseau d’influence considérable dans les médias français
- Une expérience concrète à la tête d’un club professionnel
- Sa proximité avec Rodolphe Saadé (CMA CGM), potentiel investisseur
- Sa réputation d’excellent négociateur dans des situations de crise
De M6 aux Girondins: un parcours qui prépare aux défis actuels
Pour comprendre pourquoi Nicolas de Tavernost pourrait réussir là où d’autres ont échoué, il faut revenir sur son impressionnant parcours. Arrivé au ministère des PTT dans les années 80, il a ensuite rejoint M6 à ses débuts pour en devenir le patron emblématique pendant des décennies.
À la tête de la chaîne, il a su imposer une ligne éditoriale populaire et rentable, tout en négociant habilement les droits de diffusion de grands événements sportifs, dont les Coupes du monde 2026 et 2030. Un savoir-faire qui sera précieux pour redresser la barre de la Ligue 1.
| Période | Fonction | Compétences développées |
|---|---|---|
| 1980s | Ministère des PTT | Connaissance institutionnelle et réglementaire |
| 1987-2000 | Bras droit de Jean Drucker à M6 | Apprentissage des rouages médiatiques |
| 2000-2024 | Président du Directoire de M6 | Direction stratégique et négociations commerciales |
| 1999-2018 | Propriétaire des Girondins de Bordeaux | Gestion d’un club professionnel et relations LFP |
| 2024-2025 | Conseiller de Rodolphe Saadé (CMA CGM) | Expertise média et développement stratégique |
Son passage à la tête des Girondins de Bordeaux reste plus controversé. Si le club a connu de beaux succès sportifs sous M6, sa vente aux Américains de GACP s’est transformée en cauchemar pour le club au scapulaire, aujourd’hui en National. Une expérience qui peut néanmoins lui servir pour éviter de reproduire certaines erreurs à l’échelle nationale.
Les solutions audacieuses envisagées par le « sauveur »
Face à l’urgence de la situation, Nicolas de Tavernost ne compte pas faire dans la demi-mesure. Plusieurs pistes seraient déjà sur la table pour sortir le football français de l’ornière. Dans les couloirs de la LFP, on évoque plusieurs scénarios révolutionnaires.
Le plus audacieux? La création d’une chaîne 100% Ligue 1 contrôlée par la LFP et distribuée par les opérateurs existants. Un modèle qui s’inspirerait de la NBA ou de la NFL américaines, avec un contrôle total sur le produit. Une option qui aurait l’avantage de pérenniser les revenus, mais qui demanderait un investissement initial considérable.
Les autres solutions innovantes à l’étude :
- Un partenariat stratégique avec un géant du streaming (Amazon, Netflix, Apple)
- Une formule hybride avec un socle gratuit et des options premium payantes
- L’exploitation massive des contenus dérivés et du format court
- L’ouverture vers les marchés internationaux, notamment l’Afrique et l’Asie
- L’intégration poussée des paris sportifs dans l’expérience de visionnage
Un nouveau modèle économique pour le foot français
La crise actuelle a au moins un mérite : elle oblige le football français à se réinventer complètement. Nicolas de Tavernost l’a bien compris et travaille sur un nouveau modèle économique moins dépendant des droits TV traditionnels. D’après plusieurs sources, son projet serait de diversifier drastiquement les revenus de la Ligue 1.
« Il veut apporter une vision globale de l’écosystème médias-football, bien au-delà de la simple vente de droits TV », confie un proche du dossier. Cette approche 360° intégrerait merchandising, événementiel, contenus exclusifs et même développement international.
| Source de revenus actuelle | Part du budget (%) | Objectif 2027 (%) |
|---|---|---|
| Droits TV domestiques | 70% | 40% |
| Droits TV internationaux | 5% | 15% |
| Streaming direct et contenus exclusifs | 1% | 20% |
| Sponsoring et partenariats | 15% | 15% |
| Revenus numériques et diversification | 9% | 10% |
Un autre chantier prioritaire concerne le litige avec DAZN. Pour éviter tout conflit d’intérêts, Nicolas de Tavernost a d’ailleurs quitté son poste à BFMTV et RMC. L’objectif est de trouver un compromis pour que la plateforme britannique honore ses engagements, au moins partiellement, avant d’envisager de nouveaux partenariats.
La renaissance ou le naufrage du foot français
L’arrivée de Nicolas de Tavernost représente soit l’ultime chance de renaissance pour le football français, soit le témoin impuissant de son naufrage définitif. Les enjeux sont colossaux et dépassent largement le cadre sportif. C’est tout un pan de l’économie française qui est menacé, avec 25 000 emplois directement liés au secteur.
Pour comprendre l’ampleur du défi, il faut se rappeler que la Ligue 1 a perdu plus de 60% de sa valeur en matière de droits TV depuis le fiasco Mediapro. Une chute vertigineuse qui contraste avec l’explosion des audiences dans les stades. Paradoxalement, jamais le championnat n’avait attiré autant de spectateurs dans les enceintes sportives.
Les différents scénarios possibles pour l’avenir du football français :
- Scénario optimiste : retour progressif à une valorisation de 800M€ annuels
- Scénario réaliste : stabilisation autour de 600M€ avec un modèle hybride
- Scénario pessimiste : effondrement à 400M€ et restructuration douloureuse
- Scénario catastrophe : faillites en cascade et refonte complète du système
- Scénario révolutionnaire : création d’une Super Ligue franco-belge-portugaise
Un héritage majeur en jeu pour « l’homme qui ne voulait pas aller à la pêche »
À bientôt 75 ans, Nicolas de Tavernost joue sa réputation. L’homme qui plaisantait récemment sur son refus « d’aller à la pêche » pourrait bien laisser une trace indélébile dans l’histoire du sport français, qu’elle soit glorieuse ou désastreuse. Sa mission ressemble à celle d’un pompier appelé pour éteindre un incendie déjà bien avancé.
L’ex-patron de M6 est conscient de l’ampleur de la tâche. Son nouveau défi à la Ligue de football représente probablement le plus complexe de sa longue carrière. Il dispose de quelques mois, peut-être quelques semaines, pour trouver des solutions pérennes.
| Atout | Handicap | Probabilité de succès |
|---|---|---|
| Expérience exceptionnelle | Âge avancé (74 ans) | Moyenne |
| Réseau d’influence | Inertie des institutions | Forte |
| Vision stratégique | Urgence de la situation | Incertaine |
| Double expertise | Opposition de certains clubs | Moyenne |
| Soutien de Rodolphe Saadé | Confusion juridique avec DAZN | Forte |
L’ultime question est de savoir si le foot français peut encore être sauvé. Certains présidents de clubs, comme Benoît Cordiez qui a vécu un dernier acte amer, ont déjà tiré la sonnette d’alarme sur la viabilité du modèle actuel. L’arrivée de Nicolas de Tavernost pourrait être la dernière cartouche d’un secteur en quête désespérée de stabilité.
